Il est donc indispensable d’évoquer dans un ordre chronologique les événements de Karbala pendant le mois de Muharram sur la base des sources illustres et fiables. Cela produira d’effets innombrables ainsi que des fruits importants. Et c’est un facteur clé qui aidera différentes classes surtout les jeunes a méditer et connaitre davantage ce grand événement historique de l’Islam.[i] Et en rappelant ces jours, ainsi que les souvenirs historiques qui vont avec, ils peuvent en tirer profit,[ii] et ressentir sa grandeur du plus profond d’eux-mêmes.[iii]
Début des jours de tristesses d’afflictions des Ahl-ul-Bayt.
Le 1er Muharram est le début du calendrier lunaire[iv], c’est le premier jour du mois de tristesse et d’affliction des Ahl-ul-Bayt et de leurs suiveurs. C’est le mois du martyr et du souvenir du courage, de la bravoure et du sacrifice du maitre des martyrs, l’Imam Hossein, ainsi que ses compagnons loyaux à Karbala.[v]
Le 1er Muharram représente aussi le jour du début des rassemblements de lamentation en la mémoire d’Aba Abdellah. Raison pour laquelle, il est convenable pour les épris des Ahl-Ul-Bayt de s’évertuer à faire entendre plus haut les idéaux que ces grands martyrs défendaient. Les grands orateurs doivent souligner la philosophie du martyr de ces grands hommes et leurs effets pour la continuité de l’Islam et du chiisme. Surtout, ils doivent encourager leurs jeunes et leurs adolescents à assister à ces cérémonies et éviter sérieusement les rites et les pratiques erronées aux yeux des amis comme des ennemis des Ahl-ul-Bayt. Ils doivent savoir que c’est Achoura qui est commémoré. Un évènement qui a maintenu l’Islam et fait couler chaque année un sang neuf dans les veines de l’Islam et tant que les cérémonies d’Achoura seront organisées avec plus de magnificences, l’Islam ne sera toujours à l’abri de n’importe quel fléau.[vi]
Le mois de Muharram dans la parole de l’Imam Ridha.
Dans un hadith de l’Imam Ali ibn Moussa Al Ridha, il est écrit : « Lorsque le mois de Muharram arrivait, personne ne voyait mon père sourire. Il demeurait triste et affligé jusqu’au 10e jour, c’est-à-dire jusqu’au jour d’Achoura. Ce jour était un jour de tragédie, de tristesse, de deuil et de pleur pour mon père. Et il disait : ce jour est le jour au cours duquel Hussein a été assassiné[vii] ».[viii]
1er Muharram : Arrêt de l’Imam Hussein au palais de "Bani Makaatil".
Le premier jour de Muharram, l’imam Hussein et son armée s’arrêtèrent au palais «Bani Makaatil[ix]"[x].
Demande d’assistance de l’imam à Obaidullah ibn Hurr.
Il faut mentionner que dans « le palais de "Bani Makaatil", un point d’arrêt sur la route de Karbala, l’Imam Hussein avait sollicité l’aide d’Obaidullah ibn Hurr Ju’fi, une demande que ce dernier avait déclinée[xi].[xii] En effet, l’Imam avait tout d’abord convoqué Hajaj ibn Masrouk Ju’fi auprès de lui pour lui demander de l’accompagner et de l’assister, mais Obaidullah ibn Hurr avait répondu : « Je n’étais sorti de Kuffa que parce que j’avais peur que Hussein ibn Ali y mette le pied et que je m’y trouve sans l’assister. A Kuffa, il ne restait aucun assistant sauf ceux qui avaient opté pour les biens du bas monde.[xiii]
Allocution de l’Imam Hussein s’adressant à Obaidullah Ibn Hur Ju’fi.
Ensuite, accompagné de quelques-uns de ses amis, l’Imam se rendit auprès d’Obaidullah ibn Hurr. Obaidullah le reçut chaleureusement. L’Imam s’assit et après avoir loué Allah, il dit[xiv] :
« Ô fils de Hurr ! Tes concitoyens m’ont écrit ces lettres dans lesquelles ils m’informaient que tout le monde était prêt à m’aider et se rallier à moi pour combattre mon ennemi. Ils ont demandé de venir auprès d’eux et moi aussi je suis venu. Mais je ne pense pas qu’ils puissent respecter leur engagement, car ils ont collaboré (avec l’ennemi) pour l’assassinat de mon cousin Ibn Aqil et ses compagnons. Et tous ont coopéré avec le fils de Marjaana Obaidullah ibn Ziyad qui exige que je fasse allégeance à Yazid. Sache ceci fils de Hurr, Dieu te demandera des comptes face aux actions que tu as posées et aux péchés que tu as commis durant les jours passés. Et moi à cet instant, je te propose de laver tes péchés avec l’eau du repentir et je t’invite à assister la famille des Ahl-ul-Bayt ».[xv]
« S’ils nous restituent notre droit, nous en remercierons Dieu et l’accepterons, et s’ils refusent, préférant commettre des injustices et l’oppression sur nous, tu seras de mes compagnons dans la quête de la vérité (et dans les deux cas, tu ne seras pas perdant) ».[xvi]
Ibn Hurr l’un de ceux qui était resté !
Obaidullah ibn Hurr dit : « Je jure par Allah, ô fils du Messager ! S’il y avait à Kuffa des gens qui pouvaient t’assister, et se battre à tes côtés, j’aurais été le plus intrépide d’eux face à tes ennemis. Mais j’ai vu comment ceux qui prétendaient être prêts à t’aider se terraient dans leurs maisons par crainte des Omeyyades et de leurs épées. Je t’en prie, par Dieu, ne me demande pas cela. Je ne manquerai pas tant que je pourrai à t’assister financièrement. Accepte de moi ce cheval, un cheval que je n’ai pas poursuivi quelqu’un avec sans manquer de l’atteindre et le détruire. Un cheval avec qui je me suis retrouvé dans des situations périlleuses et j'ai réussi à m’en sortir. Je t’offre cette épée aussi, une épée qui a tranché tout ce que j’ai frappé avec.
L’Imam réagit : « Ô ibn Hurr ! Nous ne sommes pas venus pour ton cheval et ton épée. Nous sommes venus demander ton aide. Si tu refuses de donner ta vie pour notre cause, alors nous n’avons pas besoin de tes biens matériels. J’ai entendu le Messager de Dieu dire : « Que Dieu jette de face dans le feu quiconque entend les cris de secours de mes Ahl-ul-Bayt sans se précipiter pour les aider ». Ensuite, l’Imam Hussein se leva et revint vers ses amis[xvii] ».[xviii]
L’accomplissement de la preuve par l’Imam Hussein pour tout le monde.
Ce discours plein de signification de l’Imam Hussein montre qu’en dépit du fait qu’il ne comptait plus sur les gens de Kuffa, il savait qu’ils étaient les plus déloyaux pour pouvoir respecter leur engagement et l’invitation formulée dans les multiples lettres qu’ils ne pouvaient se lever pour l’assister. En dépit de tout cela, il continua sa route, car son message était autre chose tout comme son programme.[xix] De même toute personne que l’Imam rencontrait, il accomplissait la preuve sur lui et il ralliait dans ses rangs les gens dotés d’âmes sûres, les biens heureux ainsi que les vrais croyants afin d’aller boire ensemble avec eux la coupe historique du martyr d’Achoura, arroser ainsi de leurs sangs l’arbre de l’islam et démasquer les hypocrites et les ennemis jurés de l’islam.[xx]
[i] Ibid., p. 27.
[ii] Généralité de Mafatih Nowin, p. 598.
[iii] Achoura, ses racines, ses motivations, ses évènements et ses conséquences, p. 27.
[iv] Généralité de Mafatih Nowin, p. 599.
[v] Ibid., p. 600.
[vi] Ibid.
[vii] A’mali de chiekh Saduq, p. 128, H. 2.
[viii] Généralité de Mafatih Nowin, p. 600.
[ix] Ce palais est situé entre "Ainul-Tamar" et "Qutquta’niyah" (près de Kuffa), et baptisé du nom de "Maqa’til ibn Hésa’n" (Achoura, ses racines, ses motivations, ses évènements et ses conséquences, p. 373).
[x] Ibid.
[xi] Maktal Al-Hussein Muqarram, p. 188.
[xii] Achoura, ses racines, ses motivations, ses évènements et ses conséquences, p. 466.
[xiii] Ibid. p. 374.
[xiv] Ibid.
[xv] Ibid., p. 375.
[xvi] Ibid.
[xvii] Tutouh ibn A’sham, vol.5, p.130-132.
[xviii] Achoura, ses racines, ses motivations, ses évènements et ses conséquences, p. 376.
[xix] Ibid.
[xx] Ibid., p. 377.